SYNOPSIS : Histoire tragique d'un homme qui mélange la réalité et ses rêves et invente des personnages qui évoluent dans son quotidien. Si les protagonistes et les faits de cette histoire sont imaginaires, les lieux sont réels et font partie de l'Italie du centre-est, une région appelé "la petite Russie". 

Né en 1965, Gianluigi Toccafondo est un réalisateur de cinéma d'animation et plasticien italien. Diplômé de l'Institut des Beaux Arts d'Urbino, il décide de mettre en mouvement son travail de peinture à travers une technique qui l’a consacré dans les années 1990 comme l’un des réalisateurs de cinéma d’animation les plus essentiels. Presque toujours, Toccafondo utilise des images pré-existantes (photos de magazines, photogrammes de films) qu’il déforme à la photocopie puis retravaille à l’acrylique, au crayon ou tout autre medium, pour ensuite les refilmer une à une. Auteur de courts-métrages présentés dans les festivals internationaux, Gianlugi Toccafondo a également réalisé en 2010 le générique du film Robin des bois de Ridley Scott

Gianluigi Toccafondo utilise des images préexistantes (photos de magazines, phonogrammes de films) qu'il déforme à la photocopie puis retravaille à l'acrylique, au crayon ou tout autre medium, pour ensuite les refiler une à une. 


FILMOGRAPHIE
2012 : Bandits Manchots
2004 : La Petite Russie
1999 : Pinocchio
1994 : Le Criminel
1993 : La Pista


EXTRAIT INTERVIEW AVEC GIANLUIGI TOCCAFONDO :

Quelle a été votre évolution parmi les différentes techniques d'’animation ? 
"Je ne sais pas s’'il y a une évolution. Mon père est céramiste sur tour et lorsque j'’étais petit j’'assistais aux transformations de la matière, qui changent avec le mouvement du céramiste. J'’étais fasciné par ce mouvement perpétuel qui ne s'’arrête jamais. Pour moi, c’'est la première impression de cinéma d’'animation. Cette notion caractérise mon travail. Je travaille avec des photographies que je déforme à la photocopieuse, après je refais de la peinture sur des objets tridimensionnels. Jamais, je ne fais de l’animation sur la table blanche. Il y a des photographies, un monde réel avant."

Pourquoi vouloir un monde réel avant ?
"Peut-être que pour moi, c’'est difficile de travailler sur une feuille blanche, comme le céramiste qui travaille une matière préexistante, je modèle une matière qui existe déjà. Je souhaite modeler du réel, c’'est pour cette raison que j’'utilise des objets réels et des photographies."

Pour La Piccola Russia vous avez éprouvé le besoin de filmer avant de retravailler chaque scène, pourquoi ? "Avant de m'’intéresser à l'’animation, j’'avais déjà une expérience des tournages réels. Pour ce film, j’'ai filmé toutes les scènes avec des opérateurs, je voulais travailler avec un monde réel que je connais bien, la région de mon enfance. Je voulais faire un documentaire avant de faire de l’'animation."

Est-ce que c’est un documentaire animé ?
"Non, parce que’ je n’'ai pas eu l'’intention de faire un documentaire, mais j’'ai besoin de bruitages et d'’images réelles de cette région."

Comment vous dirigez vos acteurs et comment cela influence votre travail d’'animation de personnages ?
"Au moment du tournage réel, je filme beaucoup d'’ambiances, de paysages, d'’atmosphères, après je cherche des personnages qui sont des amis qui vont un peu jouer mais pas trop, et j’'arrange très peu de choses sur les tournages qui sont vraiment très simples, car je sais qu’'ensuite je modifie l’'ambiance, les personnages avec la peinture. J’'imagine déjà ce que je pourrais faire en animation, au futur dessin."

Quelle différence vous faites entre la couleur et le noir et blanc ?

"C’'est une différence essentielle, la couleur est picturale, le noir et blanc me rappelle l'’imprimeur, à la gravure. Noir sur noir, blanc sur blanc, c’est la Piccola Russia."

Vous déformez les images en un mouvement perpétuel, mais comment travaillez-vous le son ?
 "Pour ce film, le bruitage était totalement nouveau pour moi. Quand j'’ai vu le dessin accompagné de la musique, j’ai pensé que c’'était trop poétique, trop d'’abstractions sans profondeur. J’ai cherché des bruits du réel pour exprimer cette profondeur, et plus de réalisme."

Pour vous, ça apporte quoi le réalisme ?
"Il y a le monde réel et ensuite le dessin plus abstrait, la confrontation crée une contradiction, une tension qui me plaît beaucoup."

Vous avez la particularité d’'exposer des œoeuvres extraites de vos films, pour vous quelle est la différence lorsque le spectateur reçoit une œoeuvre statique accrochée à un mur et une oeœuvre en mouvement, animée ?

"C’'est un peu la différence qui construit mon regard, quand je travaille je regarde juste le dessin, et c'’est seulement à la fin du travail que je le vois animé. Il y a des choses très différentes, l'oeuvre animée va très vite alors qu'’un dessin on prend le temps de le regarder et ça, ça change le temps."

Vous travaillez à la fois l’'image fixe et l'’image en mouvement ?
"Oui, parce que je travaille chaque dessin de façon singulière et seulement dans ma tête je regarde le film. Dans une galerie lorsqu'’on regarde des peintures, on imagine des mouvements qui sont personnels. Quand je termine le travail, c’est moi qui fait le temps du film."

Une œoeuvre au mur est le temps du spectateur et le temps du film c’est le vôtre ?
"Oui."

Vous dites “l'’imperfection m'’intéresse beaucoup plus”. Pourquoi ?
"Je fais beaucoup de petits films pour la publicité ou autre, télévision, des films de 15 secondes où il faut faire des films parfaits car ils ont un message unique. Je suis fatigué de faire ça, j’aimerai faire des œoeuvres plus conséquentes et profondes. C’’'est pour cette raison que je cherche les contradictions, les différences avec les bruits et images réels."

(source : Propos recueillis par Yseult De Pelichy pour le Forum des Images)


FANTÔMES EN FUITE :

"Retouche, repentir : finalement, c’est peut-être la première image d’un film en peinture animée – et non la dernière – qui compte le plus : celle qui préexiste au mouvement, qui contient en elle-même toute la potentialité du récit et n’en disparaît que de plus belle ; celle dont le souvenir, la réminiscence, hante le film tout entier. Que la peinture animée soit l’art du palimpseste, la filmographie de Gianluigi Toccafondo pourrait en témoigner. De La Coda (1989) à La Piccola Russia (2004), le réalisateur italien travaille toujours à partir d’une matière préexistante qu’il trouve dans les photogrammes des films en prises de vue directes ou les photographies. Sur ces images préalablement déformées par la photocopie, Toccafondo peint à l’acrylique, travaille au crayon ou avec d’autres médiums pour ensuite les refilmer une à une. Son travail nait ainsi au sein même du cinéma qu’il réinvestit de l’intérieur par la peinture. Images des films de Pasolini, de Buster Keaton, fantômes du cinéma muet italien ressurgissent soudain et s’évanouissent dans une tâche de couleur ou la vibration d’une ligne noire. Formes mouvantes, silhouettes sur-expressionnistes surgies de coulisses improbables, fantasques ectoplasmes aux membres étirés, semblant fuir devant le film comme devant une lumière qui les a fait surgir du passé. « La Peinture animée » est présentée à l’occasion du Grand Atelier animé par Caroline Leaf à l’Abbaye de Fontevraud (1er au 5 juillet)."

(source : http://archives.festival-larochelle.org/festival-2013/cinema-d-animation-la-peinture-animee)


POUR ALLER PLUS LOIN 

-> Émission spéciale avec Gianluigi Toccafondo dans le cadre du festival « Laterna Magica »

Ouvrages  : 
- "Le cinéma d'animation" de Sébastien Denis, Armand Colin
- "Gianluigi Toccafondo : la couleur-mouvement en animation" écrit par Marie-Christine Folch, Seppia n°2



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